Le président de la République a exposé à la Sorbonne (26-9-17) une série de propositions et une méthode pour élaborer une feuille de route sur dix ans pour l’Union européenne. 

«Nous sommes bousculés, l’audace est notre seule réponse.» Dans un discours enflammé de plus d’une heure et demie, dans le grand auditorium de la Sorbonne, mardi 26 septembre, Emmanuel Macron a proposé des initiatives tous azimuts, de la défense à l’économie, la fiscalité et l’éducation, pour sortir l’Europe de «la glaciation» et «la rendre au peuple».

L’Europe n’a «pas le choix» si elle veut exister face à la Chine ou les Etats-Unis, mais aussi résister à «l’obscurantisme» que portent les partis nationalistes, a-t-il assuré. Il a également assumé vouloir une Europe «à plusieurs vitesses». «C’est déjà le cas, donc n’ayons pas peur de le dire», a-t-il déclaré.

«Cette ambition [pour l’Europe], nous devons la porter maintenant. C’est notre responsabilité, pour notre jeunesse, partout en Europe», a-t-il fait savoir devant plusieurs centaines d’étudiants français et étrangers d’une dizaine de lycées et d’universités. Sinon, «nous n’aurons que le mépris» des « générations qui viennent».

Il assume une «Europe à plusieurs vitesses»

Ce discours était le troisième que M. Macron consacre à l’Europe depuis son élection en mai, après avoir défendu l’Union européenne pendant la campagne.

Il a tenu à attendre le résultat des élections allemandes de dimanche pour présenter son projet, la France ne pouvant réformer l’Europe sans l’appui du plus puissant pays de l’UE. Même si la victoire d’Angela Merkel a été plus courte que prévu, M. Macron s’est déclaré persuadé que Paris et Berlin resteraient le moteur de l’Europe. Car, selon lui, la «réponse» de la chancelière «ne sera ni le repli ni la timidité, mais l’audace et le sens de l’histoire».

Parquet européen contre le terrorisme, force commune d’intervention, office européen de l’asile… Le président de la République a exposé une série de propositions et une méthode pour relancer l’Union européenne, sous la forme d’une feuille de route sur dix ans.

Sécurité et défense

Le chef de l’Etat a proposé de renforcer l’Europe de la défense et de la sécurité en créant notamment :

▪  une «force commune d’intervention» européenne pour 2020 ;

▪  un budget de défense commun et une «doctrine commune» pour agir ;

▪  une académie européenne du renseignement pour «assurer le rapprochement de nos capacités de renseignement» ;

▪  un parquet européen contre le terrorisme.

Le président a aussi abordé l’aspect écologique: «Les bouleversements climatiques menacent.» Il appelle à la création d’une «force européenne de protection civile mettant en commun les moyens de secours et d’intervention pour répondre aux catastrophes de moins en moins naturelles comme les séismes et les inondations.»

Migrations

«La crise migratoire est un défi durable. Nous manquons d’efficacité comme d’humanité», a lancé Emmanuel Macron. Il veut créer un office européen de l’asile et une police européenne des frontières, «pour maîtriser efficacement nos frontières, accueillir dignement les réfugiés (…) et renvoyer rapidement ceux qui ne sont pas éligibles au droit d’asile».

L’objectif est d’accélérer et d’harmoniser les procédures ; mettre en place des fichiers interconnectés et des documents d’identité biométriques sécurisés.

Il veut aussi installer un programme européen de formation et d’intégration pour les réfugiés.

Institutions et démocratie

«Nous devons refonder le projet européen par et avec le peuple», a déclaré Emmanuel Macron, en appelant à «un vaste débat sur l’Europe dans les pays qui le souhaitent». «Un débat ouvert, libre, transparent et européen » pour « offrir un contenu à l’Europe avant les élections européennes de 2019».

Le président français propose :

▪  de renforcer le Parlement européen par des listes transnationales, dès 2019 ;

▪  Qu’en 2024 la moitié du Parlement européen soit élue sur ces listes transnationales ;

▪  «Une Commission européenne à quinze membres».

 

[Source: Le Monde]